Professeur, nous ne vous oublierons jamais

18/10/2023

Un cauchemar éveillé

Trois ans après Samuel Paty, l'horreur nous a de nouveau frappé. Le vendredi 13 octobre, peu après 11h, nous, les élèves de la Cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras avons entendu sonner l'alarme signalant une intrusion. Nous avons d'abord tous•tes pris ça à la légère, cette alarme n'était pas significative d'un réel danger, c'était forcément un exercice, de toutes façons qu'est-ce qui pourrait arriver dans notre ville d'ordinaire si calme et encore plus dans notre établissement scolaire ?

Nos professeurs nous apprennent alors que ce n'est pas un exercice, que c'est bien réel, puis les messages de nos camarades qui ont vu, entendu..., les messages angoissés de nos proches qui apprennent par les médias, et l'attente. L'attente, confiné plusieurs heures dans la peur, la tristesse, le stress et toutes sortes d'émotions indescriptibles. Nous attendions avec nos camarades, nos professeurs, nos CPE tout en découvrant en même temps que le reste de la France ce qu'il se passait chez nous, dans notre lycée. Une attaque au couteau au lycée commis par un ancien élève fiché S. On apprend que quelqu'un est mort, que d'autres personnes sont blessées... Le temps s'est comme arrêté, stoppé, immobilisé... Quand nous sommes enfin sorti•es nous avons peu a peu réalisé ce que cela voulait dire, ce qu'il s'était passé. Les policiers, les CRS, les militaires autour du lycée, les parents dans l'angoisse attendant leurs enfants, les journalistes par dizaines, tout cela était un retour brutal à la réalité, c'est vrai, ça s'est vraiment passé, ce n'est pas un rêve, c'est un cauchemar éveillé...
Au fur et a mesure du week-end, chacun à son rythme, cela prend et prendra du temps, nous avons réalisé, compris, pleuré, parlé... certain•es sont revenu•es au lycée pour voir des gens, poser une fleur, se rendre à la cellule psychologique... 

Des rassemblement se sont peu a peu organisé dans toute la France, dimanche à 11h sur la place des Héros à Arras il y avait des milliers de personnes venues rendre hommage à Dominique Bernard, les blessés de cet attaque et tous•tes celleux qui nous ont protégé.
C'est une expérience impossible à décrire, cette expérience de voir parler partout sur les médias de son lycée, de l'horreur qu'il s'y est passé. C'est difficile pour chacun•e de retouner au lycée et lorsque l'on arrive et que l'on fait face à des dizaines de policiers et des dizaines de journalistes armés de caméra et de micros on a toujours du mal à réaliser et à accepter.
Au fur et à mesure on retourne en cours et la vie continue...
Ce traumatisme est horrible, difficile à vivre mais nous nous soutenons tous•tes et nous ne les laisserons pas gagner.

Justine Jandot Bion, Arras.

Dominique Bernard ou l'humanité

Unité Lycéenne souhaitait dire ce témoignage de l'épreuve que ce moment a fait vivre aux lycéens d'Arras. Certains devaient connaitre Dominique Bernard, certains autres ont peut-être vu de leurs yeux la vertu et le courage qui l'eut poussé à défendre ses élèves jusqu'à la mort. Dans la barbarie, il fit surgir son geste d'humanité universelle, celui de mettre sa vie au service des autres, de ses élèves. Les islamistes barbares avaient son assassin pour le tuer, l'humanité a Dominique Bernard. Professeur, nous ne vous oublierons jamais.

Manès Nadel, directeur d'Unité Lycéenne - Le Journal.

En hommage à Dominique Bernard, Agnès Lassalle et Samuel Paty.

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