Nahel, la raison ou la honte.

02/07/2023

Par Manès Nadel, Rédacteur en chef.

Le camp de la raison était à Nanterre jeudi. Avant-hier, l'Organisation des Nations Unies a demandé à la France de "se pencher sur les sérieux problèmes de racisme" dans la police, c'est dire à quel point la situation est accablante pour nos gouvernants. Le camp de la raison est du côté de ceux qui font passer l'état de droit avant tout, pas du côté du parti de l'ordre. Pourtant, les premières réactions gouvernementales, mardi, étaient étonnamment dignes de la situation, comme la Porte-Parole du ministère de l'intérieur qui assumait que cela "n'a pas de sens de se demander si [Nahel] était connu des services de police". Mais la pression des partisans de l'ordre et des chiens de gardes médiatiques était trop forte. Peu importe la mesure, la dignité, ce jeune homme tué pour un refus d'obtempérer, c'était de sa faute. Et sa mère, souriante face à la foule qui la soutenait alors dans son combat, elle n'avait qu'à ne pas sourire ! Et ce policier qui a assassiné Nahel, il fût dès le lendemain présenté par les syndicats de police comme un agent responsable et exemplaire. Voilà alors les réactions indignes et abjectes de la part du bloc bourgeois tout entier, de Mme Borne qui ouvre la porte à l'état d'urgence, en passant par M. Bellamy (LR) qui n'hésitait pas à déclarer que "si [Nahel] est mort, c'est d'abord parce qu'il a cherché à se soustraire" à un contrôle de police jusqu'à l'extrême-droite puante du Rassemblement National, dont le député Jérôme Buisson qualifiait les dernières nuits de révolte d'"émeutes raciales". Et voilà qu'aujourd'hui une cagnotte en soutien au policier assassin culmine à plusieurs centaines de milliers d'euros. Les "syndicats" majoritaires dans la police vont même jusqu'à lancer des appels racistes ouvertement séditieux. Ici en est l'état de notre pays, fragmenté entre des classes populaires révoltées et un bloc bourgeois toujours plus autoritaire et raciste.


Mais quelle réponse apporter face à cette révolte dont nous ne sommes que spectateurs ? Certainement pas la répression. Nous ne croyons pas non plus que détruire les bibliothèques et les écoles soit la solution, loin de là. Il faudra évidemment repenser complètement la police, là n'est pas notre tâche de militants lycéens. Nous pensons que l'éducation doit être la base d'une société égalitaire. Seule une république sociale conséquente basée sur une éducation émancipatrice réglera la ségrégation sociale de notre pays. Ce n'est pas en envoyant plus tôt au travail ces jeunes qu'ils deviendront pacifiques, ni en les matraquant plus fort.


Plus d'impunité pour les racistes, les assassins. Ils nous appellent à la paix, or, sans justice, il n'y aura pas de paix. Battons nous jusqu'au bout pour la justice, l'égalité. Alors nous aurons la paix, pas autrement. Pour Nahel, Alhoussein, Cédric et tous les autres: justice, nous serons toujours de votre côté.

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