Macron vu à l'étranger: mauvaise foi des français ou politique autoritaire ?
Par Mathys Lafitte

Le mouvement social français a énormément fait parler de lui au point d'avoir fait tout le tour du globe. Articles dans les journaux ou même dans des parlements étrangers, la situation en France n'a pas fini d'intéresser la géopolitique mondiale.
Le lendemain du jeudi 16 mars, - jour du passage en force du gouvernement avec l'article 49.3 sur la réforme des retraites - la presse internationale n'hésite pas à donner son avis. Le Temps en Suisse parle même du "bouton nucléaire du 49.3". De l'autre côté de l'Océan Atlantique, le New York Times va encore plus loin et pense que faire passer de telles réformes impopulaires sans vote conduit automatiquement à une montée des extrêmes en vue des élections présidentielles de 2027, mais surtout, agrémente la montée de l'extrême-droite.
Passons de l'autre côté de la manche en Angleterre, où les anglais·es luttent pour survivre face à la vie chère (l'inflation est passée au-dessus de 10 % et continue d'augmenter). En pleine crise sociale et économique, il est évident que les anglais·es suivent de près la situation en France, et même les conservateurs ne comprennent pas qu'un gouvernement puisse passer en force sur des sujets aussi importants. La réforme en soi n'est pas vraiment contestée par le parti conservateur, en revanche, la faire passer sans vote pose pour eux un réel problème de démocratie.
Le déni démocratique, c'est pour beaucoup le pas de trop, la goutte d'eau qui fait renverser le vase. Les Pays-Bas l'ont même dénoncé, par exemple dans la rue où un Néerlandais chante pacifiquement « On est là » devant Macron et se fait maîtriser par les forces de l'ordre. Chanter serait alors prohibé dans l'Empire Macroniste ? Toujours dans les Pays-Bas, lors de la tournée de Macron à La Haye, un militant interpelle Macron en plein discours avec une banderole – où les mots en anglais « Président de la violence et de l'hypocrisie » y sont inscrits - et crie en anglais « Désolé de vous interrompre… Mais où est la démocratie française ? ». Une violence que beaucoup condamnent comme le président et porte-parole du Parti du travail de Belgique (PTB) Raoul Hedebouw lors d'un discours poignant à la Chambre des représentants sur la répression policière et les violences policières en France lors de manifestations pacifiques. Le constat est là, la démocratie française va mal et est dénoncée aux quatre coins du monde, à nous de la redresser.
Macron est indubitablement contesté en France, mais aussi en Europe comme partout dans le monde. La « simple » contestation contre la réforme des retraites a remis les défauts de la Ve République à l'ordre du jour et à l'échelle mondiale. Le déni démocratique ainsi que les maux de la démocratie française ont permis à la mobilisation sociale de prendre un second virage et de massifier le mouvement plus qu'il ne l'était auparavant.
Mathys Lafitte