ÉDITO: Catalyse fasciste

19/12/2023

Ce soir a eu lieu la catalyse, le basculement déterminant de la cinquième république. Le gouvernement sans confiance, après son crachat au visage du peuple français de la réforme des retraites, a fait voter sa loi raciste par le Rassemblement National. Au delà de l'aspect pitoyable de ces compromissions avec les LR, alignés sur le programme du RN, il faut comprendre que se joue ici une rupture du caractère républicain du régime français, à travers la consécration dans cette loi de la "préférence nationale", chère au premier des Le Pen, dont le projet fasciste triomphe aujourd'hui.

Tout s'est déroulé lentement, puis la recomposition autour de la jonction Macron-Le Pen s'est accélérée, avec comme catalyseur le regain de la guerre au proche orient à partir du 7 octobre. Là s'est achevé ce qui avait déjà commencé avec les policiers factieux et les ratonnades en pleine rue dans le silence médiatique général: c'est fait, l'extrême-droite a gagné. Sa pensée a contaminé toutes les sphères de la société et elle a même réussi l'objectif d'une alliance entre certaines classes populaires et une partie toujours plus importante de la bourgeoisie conservatrice, désormais alignée sur ses positions. C'est bien là le cœur de ce projet national-populiste: cette jonction autour du racisme comme analyse de toute situation, où seul le mot "race" est remplacé par "immigration".

Nous avons longtemps cru que ce projet national-populiste, fasciste en d'autres termes, arriverait au pouvoir via une prise de pouvoir pure et simple de l'extrême-droite. Le déroulé de ces dernières décennies confirmait cette thèse. En fait, tout s'est déroulé plus vite et plus fort: après lui avoir ouvert la voie, le gouvernement d'E. Macron applique finalement une coalition d'une nouvelle forme avec le Rassemblement National. C'est à la fois la mort et l'aboutissement logique du bonapartisme sous-jacent de la 5e république. Bien sûr, ce n'était pas le projet originel mais c'est bien la fin logique de tout cela. Tout devient alors plus limpide: en effet, la mort advient à la fin de la vie, elle en est la suite logique comme l'arrêt. C'est ce qu'il se passe avec ce régime bourgeois, incapable de répondre aux aspirations populaires autrement que par la xénophobie désormais institutionnalisée. Nous avons feint de ne pas le voir, mais c'était sous nos yeux: le fascisme n'est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise.

Alors que cette catalyse a lieu, il nous est presque impossible d'évoquer de l'espoir, pourtant nous le devons. La gauche parlementaire a été irréprochable dans son ensemble durant cette séquence, le mouvement syndical est uni pour dire non à cette bascule majeure. Mais va-t-on seulement appeler au sursaut des macronistes ? Sera-t-on à nouveau aphones, par peur de ne pas faire l'unanimité dans le pays sur la "question migratoire" ? Le moment nous incombe d'être à la hauteur, soyons dignes ou l'histoire nous jugera sévèrement. Plus que jamais, la république est une idée révolutionnaire.

Manès Nadel, directeur de la rédaction

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